“On est sortis avec des amis et pendant qu’on dansait plusieurs mecs nous tournaient autour, surtout un qui était très insistant avec une de mes potes. Elle avait beau essayer de l’éviter et de se pousser pour pas qu’il la touche, il revenait toujours. Au bout d’un moment elle était tellement mal à l’aise qu’on est partis.”
Lucas, 21 ans
Pas toujours facile de démêler son sentiment de la réalité et parfois des situations nous mettent mal à l’aise sans qu’on sache comment réagir sur le moment. Pourtant, nos émotions ne trompent pas, et lorsqu’on ressent un malaise, c’est généralement qu’il se passe quelque chose de malsain.
Comment être sûr·e que ce n’est pas normal ?
Parfois, on ne réagit pas à ce qui se passe juste devant nous parce qu’on n’est pas certain·e de bien comprendre la situation. Est-ce qu’ils ou elles se connaissent mieux que ce que je pense ? Peut-être que c’est de l’humour ? Comment savoir si elle est d’accord ou non ? Est-ce que c’est relou ou c’est violent ?
En d’autres occasions, au contraire, on connaît très bien la personne dont le comportement est gênant et on a tendance à minimiser : “Il est chiant quand il est bourré, mais il n’est pas méchant”, et à laisser les gens se débrouiller. Pourtant, ces comportements peuvent être déstabilisants et gênants, en plus d’être bien plus souvent subis par les femmes, en creusant encore les inégalités de sexe et de genre. Parce que oui, quand notre pote (pas méchant mais insistant) pousse pour avoir le profil de cette première année qui lui plaît, au point qu’elle finit par lui donner pour avoir la paix – c’est déjà de la violence.
Dans ce type de situation, la première chose à faire, c’est de faire confiance en son ressenti : quand les alarmes dans notre tête s’allument, même faiblement, c’est qu’on capte quelque chose de menaçant. A partir de là, il s’agit de trouver une façon de proposer une issue à la personne concernée, sans se mettre ni la mettre en difficulté. Et pour ça, il existe une technique toute simple : les 5 D !
Réagir grâce la méthode des 5 D
Développée par l’ONG Right to Be, la méthode des 5D a été pensée pour aider les témoins à réagir au harcèlement sexiste et sexuel dans l’espace public, et elle peut servir dans plein de situations !
Elle propose 5 types de réactions :
- Distraire : faire semblant de connaître la victime ou la personne qui agresse, lui demander l’heure, lui poser une question, lui proposer d’aller danser ou s’asseoir – toute interaction qui serait en mesure de stopper la situation de violence
- Déléguer : tu peux demander de l’aide à une figure d’autorité (enseignant·e, gérant·e du bar, barman ou barmaid, videur ou videuse de boîte de nuit…), et si tu souhaites prévenir la police (17) ou utiliser le numéro d’appel d’urgence européen (112), assure-toi d’obtenir l’accord de la victime
- Documenter : tu peux tenter de renseigner un maximum d’indices en cas de témoignage, filmer la scène, en rassemblant le plus d’éléments possibles (date, lieu, heure, etc.), faire des enregistrements audio, des photos, etc. et les donner à la victime par la suite. Ce sera à elle de choisir quoi faire de ces preuves
- Diriger : tu peux donner un ordre à la personne qui agresse pour qu’elle stoppe les violences, et utiliser des mots directifs, clairs, nets et précis. Par exemple “Enlève ta main de sa cuisse”, “Arrête d’insister et éloigne-toi”
- Dialoguer : même si on n’arrive pas à réagir pendant la situation, il est possible de le faire après, en discutant avec la victime, en la rassurant, en lui proposant de l’aide, tout en respectant son espace personnel et sa temporalité.
Si tu veux aller plus loin, bonne nouvelle : on forme gratuitement et en ligne au 5D dans le cadre du projet Stand up ! contre le harcèlement de rue porté par la Fondation des Femmes et lancé par L’Oréal Paris. Il suffit de s’inscrire ici ou nous écrire à l’adresse contact@enavanttouteslab.fr pour organiser une intervention auprès de ta promo.