« JâĂ©tais avec mon oncle devant un film, allongĂ©e Ă cĂŽtĂ© de lui sur son bras, il me caressait les cheveux, rien de gĂȘnant, mais il sâest mit Ă me caresser le cou puis au dessus de la poitrine, puis les seins. Ă un moment, il a descendu sa main et jâai essayĂ© de le retenir lĂ©gĂšrement avec ma main, mais il me lâa tenue avec son autre main tout en douceur alors jâĂ©tais paralysĂ©e. Câest mon oncle, je lâadore – heureusement mon pĂšre mâa appelĂ©e et mâa demandĂ© si je restais dormir ou si je rentrais. Je suis bien sĂ»r rentrĂ©e. Je me sentais tellement mal ! JâĂ©tais distante, froide. Jâai pleurĂ© une fois seule. Le lendemain, il est venu chez moi et mâa parlĂ© comme si de rien nâĂ©tait. »
Mely
« Je suis une fille, jâai 16 ans et, depuis un moment maintenant, mon pĂšre a des comportements trĂšs dĂ©placĂ©s envers moi et ma petite soeur de 14 ans, qui me mettent trĂšs mal Ă lâaise (et elle aussi). Je ne pense pas que câest un comportement normal, pour un pĂšre envers ses filles (je prĂ©cise quâil nâagit pas comme ça avec mes frĂšres). Je ne me rappelle pas exactement de quand ni de comment ça a commencĂ©, mais ça doit ĂȘtre aux alentours de mes 12/13 ans, au dĂ©but de ma pubertĂ©. Quand je ne portais pas de soutien-gorge le soir, il me faisait parfois des remarques sur mes seins qui âpointentâ avant de me les pincer. Ă chaque fois que je le croise, il vient vers moi pour me prendre dans ses bras. Quand il me prend dans ses bras, il me caresse le corps dâune maniĂšre malsaine et me touche/serre les fesses. Il nâhĂ©site pas Ă soulever ma robe lorsque jâen porte une. Quand je suis assise sur le canapĂ©, il vient presque sur moi pour me faire des bisous, me caresser le haut des cuisses quand je suis en robe.â
Joy, 16 ans
Les signes de l'abus
Une personne de ta famille :
- Rentre dans ta chambre, sâimpose dans ton intimitĂ© ;
- Te touche les parties intimes ;
- Te dit des phrases déplacées, fait des remarques sur ton physique ;
- Demande à te voir nu·e ;
- Sâarrange toujours pour ĂȘtre seul·e avec toi lorsque cela se passe ;
- Te rĂ©pĂšte que câest normal, alors que tu sais que ce nâest pas le cas ;
- Te dit que câest de ta faute, que tu lâas cherchĂ© ou provoquĂ© ;
- Menace de te faire du mal ou de sâen prendre Ă un·e autre membre de ta famille si tu en parles ;
- Est irrĂ©prochable et mĂȘme trĂšs sympathique avec les autres membre de ta famille, et leur fait croire que vous ĂȘtes complices alors que dans lâintimitĂ©, il/elle te fait peur ;
RĂ©agir
La famille est normalement un espace sain, oĂč on se construit, oĂč on passe les premiĂšres annĂ©es de sa vie en sĂ©curitĂ©, et qui est composĂ© de personnes Ă qui lâon fait confiance. La famille peut, bien sĂ»r, ĂȘtre un lieu oĂč survient du conflit, et gĂ©nĂ©ralement ceux-ci se rĂšglent en discutant car dans une famille, on apprend les un·e·s des autres et on a la volontĂ© de sâĂ©couter et se comprendre.
Câest la raison pour laquelle les violences, et en particulier les violences sexuelles faites par une personne de la famille, sont si difficiles Ă vivre et peuvent laisser des marques pendant plusieurs annĂ©es. Si une personne de ta famille sâen prend Ă toi, te touche, empiĂšte sur ton intimitĂ© ou tâoblige Ă faire des pratiques sexuelles, câest le signe que quelque chose ne va pas. Câest normal dâavoir peur, de te sentir mal Ă lâaise, trahi·e et en danger.
La stratĂ©gie quâutilise lâagresseur·e dans ces situations violentes, câest dâutiliser la confiance que tu place en lui/elle et en ta famille, contre toi, pour te menacer, te faire douter, te dĂ©valoriser, te faire perdre confiance en toi et tâisoler de toutes les personnes (de ta famille et extĂ©rieures) qui pourraient tâaider et te protĂ©ger.
Les violences sexuelles, abus et viols dans la famille sont punis par la loi. Si tu es mineur·e, câest une circonstance aggravante et lâagresseur·e risque une peine plus lourde aux yeux de la justice. Ne reste pas seul·e ! Câest primordial que tu sois protĂ©gé·e. NâhĂ©site pas Ă en parler Ă une personne de confiance, un·e ami·e, camarade, collĂšgue, une association spĂ©cialisĂ©e, et Ă demander de lâaide. Tu nâas pas Ă avoir honte, car la personne fautif·ve câest lâagresseur·e et uniquement lui/elle ! Tu nâes pas seul·e. Il y a plein de solutions :
- En cas dâurgence, nâhĂ©site pas Ă appeler le 119 (SOS Enfance en danger) si tu es mineur·e, ou le 17 (Police secours) si tu as besoin dâune intervention, oĂč que tu sois.
- Tu peux aussi venir en discuter sur notre tchat ou appeler le 0 800 05 95 95 – Viols Femmes Info, qui sont gratuits et anonymes.
- Tu peux Ă©galement te faire accompagner par une personne de confiance, adulte ou enfant, au commissariat.
- Enfin, tu peux dĂ©cider dâĂ©crire une lettre au procureur de la RĂ©publique pour expliquer ce que tu vis et faire en sorte dâĂȘtre mis·e Ă lâabri de ton agresseur. Pour cela, il te suffit de recopier sur un papier ce modĂšle de lettre, dans lequel tu ajoutes le rĂ©cit de ce qui te met en danger dans ta famille. Puis, tu tapes le nom de ta ville ou de ton village dans la barre de ce moteur de recherche, et tu cliques sur âRechercherâ. Ainsi, tu auras la bonne adresse du tribunal oĂč tu dois envoyer ta lettre. Puis, tu mets ta lettre dans une enveloppe, tu achĂštes un timbre Ă la Poste ou dans un bureau de tabac (0,88 âŹ), et tu glisses ta lettre dans une boĂźte aux lettres.
La situation de danger et/ou de violences sexuelles Ă lâintĂ©rieur de ta famille a peut-ĂȘtre eu lieu il y a des annĂ©es, quand tu Ă©tais enfant, et tu as rĂ©ussi Ă survivre jusquâĂ maintenant. Tu sens peut-ĂȘtre quâaujourdâhui ce traumatisme te pĂšse, quâil dĂ©termine certaines de tes actions et comportements, quâil trouble ton sommeil ou quâil a des consĂ©quences sur ta vie, sur ton couple, sur tes projets personnels et sur ta santĂ©. Si tu te trouves dans cette situation, sache que tu es tout Ă fait lĂ©gitime Ă faire aujourdâhui, en tant quâadolescent·e ou que jeune adulte, la dĂ©marche de revenir sur ce qui tâest arrivĂ©, dâen parler, de prendre soin de toi et de porter plainte contre ton agresseur, si tu le souhaites. Ce nâest pas âremuer le passĂ©â ! Câest, au contraire, prendre soin de ton prĂ©sent et de ta vie dâadulte.
Quand on est enfant, il est trĂšs difficile de briser la loi du silence imposĂ©e par un agresseur adulte ; câest pourquoi il est trĂšs courant que les personnes victimes de violences sexuelles dans leur famille en tant quâenfants nâentament des dĂ©marches de soin, de justice et de rĂ©paration quâĂ lâĂąge adulte. En parler aujourdâhui, Ă des professionnel·l·es ou au reste de ta famille, ce nâest pas âremuer le passĂ©â ou risquer de âbriser la familleâ ; câest faire le jour sur la vĂ©ritĂ©, te soigner et aller de lâavant, et tu en as parfaitement le droit. Depuis le 3 aoĂ»t 2018, la loi dit que tu as trente ans, Ă compter de lâĂąge de ta majoritĂ©, pour porter plainte contre ton agresseur. Ainsi, si tu as vĂ©cu des violences sexuelles dans ta famille en tant que mineur·e, la loi française te donne jusquâĂ tes 48 ans pour porter plainte contre ton agresseur, si tu le souhaites.