âJ’en ai marre de cette consommation « festive » du week end…trop de verres absorbĂ©s. Marre de me rĂ©veiller avec ce sentiment de honte et mĂȘme des trous noirs. Mais tous les weekend câest la mĂȘme chose.â
âJe vois bien que je ne suis plus tout Ă fait la mĂȘme quand je bois et je nâaime pas ça⊠Mais impossible de dire ânonâ et dâĂȘtre la seule en dĂ©calage avec lâambiance gĂ©nĂ©rale â
Lâalcool est gĂ©nĂ©ralement associĂ© Ă la fĂȘte, la joie et le lĂącher prise. Il est souvent un marqueur du passage Ă lâadolescence ou lâĂąge adulte et sâaccompagne de nombreuses incitations voire pressions sociales. DĂźners entre ami·es, anniversaires des un·es et des autres, soirĂ©es de fin (ou dĂ©but) dâannĂ©e â autant de moments qui comportent leur lot dâalcool⊠et de stĂ©rĂ©otypes !
Buveurs et buveuses
Traditionnellement, en France, la consommation dâalcool (et de drogues en gĂ©nĂ©ral) est genrĂ©e, câest-Ă -dire quâelle est diffĂ©rente pour les femmes et les hommes. Ces derniers ont toujours Ă©tĂ© en tĂȘte en termes de quantitĂ© dâalcool et de frĂ©quence de consommation, et ils sont encore aujourdâhui bien plus atteints par les maladies qui en dĂ©coulent (problĂšmes cardiaques, diabĂšte, alcoolismeâŠ). Câest malgrĂ© tout une rĂ©alitĂ© qui change progressivement, avec une augmentation de la consommation de la part des jeunes femmes
Cela dit boire est encore associĂ© Ă une forme de virilitĂ©, de force, dâendurance et de performance, que ce soit Ă travers les concours de cul sec des soirĂ©es Ă©tudiantes ou la dĂ©gustation dâun whisky vieilli accompagnĂ© dâun cigare sur un fauteuil en cuir â tous ces moments Ă©tant censĂ©s entretenir le respect et la reconnaissance des pairs. Au contraire, la sociĂ©tĂ© attend toujours des femmes une certaine rĂ©serve, une bonne tenue et une discrĂ©tion qui vont Ă lâencontre de la « vertu » de dĂ©sinhibition attendue de lâalcool.
Boire ensemble
Bien souvent, boire est un marqueur dâintĂ©gration ou dâexclusion des groupes, ce qui rend difficile le refus. Les anecdotes de beuveries soudent des amitiĂ©s et forgent des rĂŽles et des rĂ©putations, et personne ne veut ĂȘtre celui ou celle qui « casse lâambiance » en refusant la prochaine tournĂ©e de shots. Difficile de dire « non » sans avoir Ă exposer sa religion, ses problĂšmes de santĂ© ou devoir justifier que câest un choix de vie valable, et risquer les consĂ©quences des stĂ©rĂ©otypes qui en dĂ©coulent. Comme si câĂ©tait insensĂ© de ne pas vouloir Ă tout prix perdre ses repĂšres et la conscience de soi !Â
Cela participe de lâidĂ©e que lâalcool crĂ©e une « parenthĂšse » pendant laquelle on nâest pas vraiment soi, ou plutĂŽt, on devient une version plus dĂ©tendue et nonchalante de soi-mĂȘme. Il nous faut boire un (ou plusieurs) verres pour nous donner le courage dâaller danser, dâaborder cette fille qui nous plaĂźt, de parler Ă des gens qui nous intimident « dans la vraie vie ». De la mĂȘme façon, cela tendrait Ă excuser les erreurs commises aprĂšs consommation, comme si la personne qui agissait saoule nâĂ©tait pas vraiment responsable. Pourtant, câest exactement le contraire !
Alcool et responsabilité
Face Ă la loi, le fait de commettre des violences en ayant consommĂ© de lâalcool ou toute autre drogue est une circonstance aggravante, qui suppose une peine plus lourde. Nous sommes toutes et tous responsables de notre consommation et du mal que nous faisons, sobre ou non. Quand on ne respecte pas une personne sous lâinfluence de lâalcool, câest de notre faute ! Ce nâest pas lâalcool qui est violent, preuve en est que la majoritĂ© des gens qui boivent ne deviennent pas violents pour autant.
En parallĂšle, exercer des violences sur une personne ayant elle-mĂȘme consommĂ© de lâalcool (ou une quelconque substance qui la prive de ses facultĂ©s de discernement) est Ă©galement une circonstance aggravante. La justice reconnaĂźt que lâalcool rend vulnĂ©rable et quâil est plus difficile de se mettre en sĂ©curitĂ© dans ces situations. Ce nâest jamais de notre faute si nous subissons des violences alors que nous avions bu. Une personne en Ă©tat dâĂ©briĂ©tĂ© a besoin dâĂȘtre protĂ©gĂ©e et non forcĂ©e.
Lorsque câest un·e proche ou notre partenaire qui devient plus violent·e en ayant bu, ce peut ĂȘtre extrĂȘmement dĂ©stabilisant, parce que lâon a lâimpression dâĂȘtre face Ă quelquâun qui a « deux visages » irrĂ©conciliables, alors que lâon souhaite quâil/elle redevienne cette personne que lâon aime sobre. Pour autant, parce que la violence vient de la personne elle-mĂȘme, il est important de garder en tĂȘte quâarrĂȘter lâalcool ou ĂȘtre soigné·e dâun problĂšme dâalcoolisme nâest pas une garantie que les violences vont sâarrĂȘter. MĂȘme si on espĂšre trĂšs fort, et mĂȘme si on fait tout pour lâaider, on ne peut pas le/la transformer, câest sa seule responsabilitĂ©. En revanche, on peut se mettre en sĂ©curitĂ© et demander de lâaide soi-mĂȘme ! On en dit plus dans lâarticle « Il ou elle est violent-e quand il ou elle a bu ».
Si tu as envie de parler de ta propre consommation, ou du comportement de tes proches, il existe plusieurs ressources dont tu peux te saisir, comme le tchat de commentonsaime.fr – en cliquant en haut Ă droite , ou encore les cartes des « Consultations Jeunes Consommateurs » (CJC) de ta rĂ©gion. Lâobjectif de ces consultations est dâaccueillir les jeunes de 12 Ă 25 ans qui se questionnent sur leurs habitudes de consommation et sur leur entourage. Alcool, cannabis, tabac, et autres addictions sans substance (comme les jeux vidĂ©o ou InternetâŠ) : toutes les questions sont les bienvenues, y compris de maniĂšre anonyme !
Tu peux Ă©galement appeler les numĂ©ros dâurgence suivants :
- Alcool info service : 0 980 980 930
- Fil santé jeunes : 3224 (ou 01 44 93 30 74 depuis un mobile
Il nây a rien de bizarre Ă ne pas vouloir boire comme le groupe ! NâhĂ©site pas Ă venir en discuter : des personnes sont prĂȘtes Ă t’Ă©couter et t’aider Ă trouver les solutions qui te conviennent – mĂȘme si câest âjusteâ trouver comment esquiver la prochaine tournĂ©e â€ïž